Il est arrivé, un peu par surprise, à quelques jours de l'été. Neuf mois plus tôt, j'avais reçu un appel d'une collaboratrice des Editions L'Harmattan qui m'informait que mon manuscrit avait été retenu, par le comité de lecture, pour être publié. Un échange un peu irréel mais vite confirmé par un courrier.
Le temps s'est écoulé et je m'apprête à déménager pour que la suite de l'aventure soit possible. Dans mon appartement rémois vide, c'est jour de grand ménage, la veille d'en rendre les clés. Un petit colis a été déposé dans ma boîte aux lettres, c'est mon livre ! Alors que j'attendais de connaître sa date de parution, il venait d'être publié. A un jour près, je ne l'aurais pas reçu. J'avais pourtant communiqué ma nouvelle adresse à mon éditeur...
De drôles de sensarions se succèdent, étonnement, satisfaction du travail accompli, celle aussi d'être allée jusqu'au bout mais elles laissent très vite place à une peur tout intérieure. Ecrire, c'est encore se taire, parler en silence. Etre publiée, c'est parler réellement, c'est s'exposer au regard de l'autre. Et là, c'est un peu de l'angoisse qui revient, insistante. Cette fois, elle ne prendra pas toute la place. Une page est tournée...
Quelques jours plus tard, je participe, à Paris, à un colloque de psychanalyse sur le point de capiton. Entendre parler escabeau, nouages et capitonnage, journée riche et intense ! Le midi, pique-niquer dans le square voisin et s'asseoir, par le plus grand des hasards, face à la librairie de son éditeur, drôle de clin d'œil ! Enfin, rejoindre le colloque en passant devant la vitrine de L'Harmattan et y découvrir, pour le première fois, "D'un bord à l'autre" exposé au rayon des sciences humaines... Moment unique ! Ce jour-là, la psychanalyse et mon livre, si étroitement liés, se sont rejoints à Paris. Trois ans plus tôt, c'était un pari pris sur l'avenir et sur la psychanalyse. Défi réussi !
© Marie-Christine ADAM
18 juin 2016
Ils l'ont lu. Le plus dur est fait. A quelques jours d'intervalle, celle qui fut "ma psy" et mon fils ont lu mon témoignage. Pendant des mois, j'ai pensé que je ne pourrai pas publier ce livre si l'un et l'autre ne lisaient pas son contenu avant. "Je le lirai quand il paraîtra" disait mon fils. Je pense qu'il me laissait la liberté d'aller jusqu'au bout et de ne pas intervenir dans ce qu'il pressentait être important pour moi. Respectuex et confiant. C'est bien d'écrire avait dit "ma psy" au moment de la fin. Entre interprétation et conseil avisé ou à visée thérapeutique, feu vert pour aller jusqu'au bout... Une page était bel et bien terminée depuis deux ans mais j'aurais voulu qu'elle tourne celles de mon manuscrit avant qu'il soit édité. Recherche d'une autorisation à dire ? Finalement, je ne lui ai pas demandé. Manque de délicatesse ? Je ne crois pas. "C'est bien d'écrire" valait "bon pour accord". Confiante aussi "ma psy". Mettre son histoire sous le regard des autres, sans autorisation, s'en donner le droit, quel chemin parcouru. Mais l'angoisse demeure là. Une peur viscérale, revenue de très loin pour l'occasion, et qui restera présente l'espace de quelques jours, quelques semaines, quelques mois,... jusqu'à ce que des mots viennent l'apaiser et, avec eux, un sentiment de re-co-naissance. La sensation d'avoir le droit d'exister vraiment, effet de la psychanalyse, a repris le dessus.
© Marie-Christine ADAM
29 juin 2016
Coup de cœur des journalistes ? Choix des libraires ? Qu'importe ! Mon livre s'adresse davantage aux "un par un". A celle ou à celui qui cherche dans les livres des mots qui lui parlent ; A celle ou à celui chez qui les maux et les mots de l'enfance ont laissé des traces ; A celle ou à celui dont la vie est freinée, empêchée par ce qui revient, insiste et ne cesse pas ; A celle ou à celui dont le burn-out, la dépression sont venus bouleverser la vie et qui tente de trouver dans l'épreuve une raison d'espérer ; A celle ou à celui qui hésite encore à prendre le crayon pour poser les mots ; A celle ou à celui que la psychanalyse intéresse, vue du côté analysant, avec des mots simples ; Et à quelques autres...
Je vous le livre et je me livre avec un zeste d'humour, un brin de recul, une bonne dose de positivité et d'audace pour être allée jusqu'au bout de l'écriture et du reste...
© Marie-Christine ADAM
5 septembre 2016
Il aura fallu la psychanalyse et le silence des mots pour que jeter des mots sur le papier devienne nécessité, urgence.
Il aura fallu l'écriture des mots et des maux, entre les séances, entre les silences, pour que dire soit possible, à peine audible, toujours difficile.
Il aura fallu le retour des maux pour que le corps s'en mêle, s'interpose.
Il aura fallu l'écrire et le dire, le dire et l'écrire, comme si l'un permettait l'autre et l'autre permettait l'un.
Il aura fallu le laisser tomber, le vide, le rien.
Il aura fallu l'ouverture d'une faille, une mélancolie profonde.
Il aura fallu tout ça et un peu plus... pour que taire ne soit plus un mystère.
© Marie-Christine ADAM
8 septembre 2016
Quelques minutes d'attente. La traversée d'un couloir. Une poignée de main souriante. La porte se referme. Nous voilà tous les deux. La pièce est contenante, l'espace limité, le lieu paisible. Je suis venue pour dire, pour le dire, le livrer, me livrer. Peut-être même me délivrer. Surtout, ne pas me laisser envahir par le silence. Me rassembler avant de me jeter à l'eau, dans le vide, avec mes mots. Lui, je ne le vois pas, il est derrière. Entre nous, un mélange d'inconscience, de peur et de désir. La tension est palpable, l'attention également. Le corps est tendu. Ça tourne ! La langue fourche, faudrait-il, là encore, ne pas dire ? Je "bas-fouille", encore et en corps. Aurais-je trop far-fouillé ? Certains mots se confondent. "Dans mon cas" devient "dans mon corps". Inconscient quand tu nous tiens... Voilà, c'est déjà fini. Quinze minutes, c'est long et c'est court... Un sourire complice me reconduit. Il n'y aura pas de deuxième tirade. Une seule prise, d'un trait, un trait unique. Pas de brouillon pour la parole, pas de correcteur pour effacer l'ouÏ. Ce qui est dit est dit. C'est entendu ! C'était au cœur de l'été. Ce jour-là, je ne parlais pas à mon psy mais à une caméra. Un homme était derrière On aurait pu s'y méprendre. Ecrire, me donner à lire et maintenant me donner à voir et à entendre. Etre lue, vue et entendue, bien curieux mélange. La caméra mais surtout "l'objet regard", ça me dit quelque chose... De la voix du silence à donner de la voix et mes mots ne sont plus ceux des autres. Ma voix est désormais ma propre voix et non plus voix parentale, sorte de voie parentérale; Une nouvelle voix, lorsque la psychanalyse a ouvert la voie.
© Marie-Christine ADAM
9 octobre 2016
Je t'ai écrit, tu es paru et je t'ai déposé dans la rue. Une rue rémoise, rue Libergier. Celle de mes années lycée, ma première rencontre avec la psychanalyse. Quatre décennies plus tard, je t'ai déposé dans ce petit abris de bois, sur le bord d'un muret. Geste symbolique et gratuit, j'aime l'idée de te donner à lire, au hasard d'une rencontre. Mais tu n'es pas parti seul dans l'aventure, je t'ai accompagné de quelques mots. Des mots qui ne s'adressent pas au futur lecteur mais à toi. Drôle de dédicace... avant un dernier regard, photographique celui-là. A toi, désormais, de vivre ta vie de livre, libre comme je le suis aujourd'hui. Vivre libre (autant que possible) mais surtout libre de vivre et d'exister... et beaucoup plus simplement de lire !
© Marie-Christine ADAM
24 octobre 2016
Trouver mes mots sous la plume du Rédacteur en Chef du Bulletin d'Informations des Psychiatres Privés et de la Revue Psychiatries a déjà quelque chose d'improbable. Y lire son commentaire est tout aussi étonnant... Un grand merci à lui pour cette note de lecture.
BIPP N° 71 Rubrique Désir de livres - Novembre 2016
© Marie-Christine ADAM
26 février 2017
Comment taire ou comment dire ? Comment dire ces commentaires ? Plus facile à taire qu'à dire. Contre toute attente, les retours positifs sur mon livre sont venus réveiller des commentaires du passé, "oubliés", purge, saleté, engeance, vermine ou saloperie. Des mots qui vous font vous sentir mauvaise, où le simple fait d'exister rime avec déchet. Drôle de mélange, comme si ces mots qui m'étaient destinés dans l'enfance refaisaient surface, un par un, de semaine en sem'haine, de mois en moi, pour annuler la portée positive de ceux d'aujourd'hui. Bien évidemment, "ça" me rappelle quelque chose, à nouveau le positif qui attire le négatif, la prophétie maternelle. A moins que ce ne soit le retour de bâton. Eh bien non ! Il n'en sera rien, ce temps est révolu. Les 500 premiers "j'aime", sur la page Facebook consacrée à mon livre, m'ont donné l'idée de publier quelques commentaires entendus ou lus à son propos, sans risque vital, sans risquer l'anathème. Sans prétention, juste pour la satisfaction de les avoir reçus et de les partager. Aucun propos négatif parmi eux ? Ne les aurais-je pas entendus ? Non, côté oreilles cela va plutôt bien et je reste tout ouïe ! Disons que, pour l'instant, les critiques négatives n'ont paspris le temps de s'exprimer.
Alors, simplement merci pour ces commentaires qui me vont droit au cœur.
- Un livre fort et courageux.
- Lu d'un trait. Une fois commencé, difficile de s'en détacher.
- Une traversée vécue de l'intérieur. Interpellant, vibrant, aidant.
- Je n'avais pas imaginé qu'il puisse en être ainsi d'une dépression. La description des maux du corps est saisissante. Je verrai désormais les personnes qui en sont touchées autrement.
- Courage, énergie,... respect pour le parcours !
- Nul ne guérit de son enfance, je crois que vous y êtes parvenue.
- La solitude d'un enfant dans le carcan familial, un écrit comme on en trouve peu.
- On sent dans votre témoignage tout le respect que vous portez à autrui.
- A lire ! Et à relire dans les moments de doute. Foncièrement positif.
- De la détresse de l'enfance à détresser les fils de votre histoire, on peut dire que vous en avez fait le tour.
- Excellent témoignage qui retrace bien et avec des mots simples ce qu'est une analyse.
- Vous témoignez de la psychanalyse d'une telle façon que vous montrez oh combien, aujourd'hui encore, elle a toute sa place dans le soin.
- Ne pas céder sur son désir, beau programme !
- Que voilà une passe singulière.
- Félicitations et meilleurs vœux dans vos projets...
© Marie-Christine ADAM
10 avril 2017
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Psychanalyste à Voiron. Marie-Christine ADAM. Accueil Thérapie adultes adolescents enfants familles. Psychanalyse Psychothérapie Atelier d'écriture Art-thérapie Soutien à la parentalité Mon cabinet tarif Mon parcours Ma bibliographie
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